Le sud meusien en vallée de l’Ornain est un territoire rural et industriel. Les villages sont traversés par une rivière et une ancienne voie ferrée. Chaque époque a connu une intimité particulière avec elle : pour le transport des ouvriers, pour le bétail, pour le grain des paysans. Aujourd’hui, cet ancien chemin de fer s’apprête peut-être à vivre une étape importante de son histoire : celle de l’acheminement des déchets nucléaires. Pour comprendre les transformations à l’œuvre en ce territoire dépeuplé, ma démarche documentaire consiste à interroger la vie meusienne. Simplement, qu’est-ce vivre en vallée de l’Ornain ? Avec les personnes âgées, j’aimerais questionner cette époque avant l’arrivée de l’industrie de l’atome. Quelles étaient les anciennes pratiques ? Comment le « pays » était-il éprouvé ? Autant de témoignages rares fondant une connaissance certaine de la vie rurale. Autant de rumeurs, d’anecdotes et de souvenirs que les résident.es pourront interroger et partager.
Toutefois, il n’est pas question de simples réminiscences. La démarche est plutôt de tenter de renouer sensiblement avec ces lieux et ces histoires. Comment encore vivre ces paysages pour des personnes vieillissantes qui ne peuvent généralement plus se déplacer ? Comment les ressentir au plus près de soi ? A l’aide d’archives de la vallée de l’Ornain et d’une pratique radiophonique, je souhaite d’abord que les résident.es s’expriment sur leurs pays. Quels paysages rêvent encore dans leur mémoire ? Un territoire sonore se dessine et ces voix deviennent mes guides des lieux à filmer et à photographier, des ambiances sonores à capter, des personnes à rencontrer. Je deviens le documentariste de leurs souvenirs, l’explorateur de leurs géographies intimes. Pour faire ensuite ressentir sensiblement ces paysages aux résident.es, je souhaite ramener ces lieux par le biais de projections ou de photographies très grands formats. La maison de retraite devient un puzzle du territoire meusien où chaque image raconte intimement une personne : un pont de pierre vers l’Ornain, un champ d’orge, un coin à jonquilles dans la forêt. Enfin, chaque groupe de résident.es peut proposer des mises en scène simples et épurées. Devant un de ses paysages aimés, la personne âgée peut reproduire un vieux geste, rester fixe en mettant son plus bel apparat, jouer au scrabble en s’habillant d’un chapeau de paille, être simplement en présence de l’équipe soignante ou de sa famille. Ces scènes seront filmées par les résident.es et donneront naissance à un court- métrage où se mêleront la vie quotidienne, les voix intimes du souvenir et les paysages actuels : la maison de retraite comme une ode à la vie meusienne.
// DATES :
Du 1er septembre au 17 septembre
18 septembre au 8 octobre