Le projet Fragments propose une mise en lumière des détails de nos quotidiens à travers la réapropriation d’un outil de dessin spécifique : le normographe.
Le normographe est un outil à l’origine utilisé dans un milieu industriel. C’est une règle rectangulaire, souvent en plastique transparent, où le contour des lettres, des symboles est évidé pour permettre un tracé facile et précis. C’est un outil conçu par une machine et utilisé par l’homme comme une machine, alors qu’il est utilisé à la main. C’est un outil autoritaire qui est limité par des formes souvent issues de mêmes catégories : lettres et symboles géométriques principalement. On peut le voir comme un contrôle extérieur sur la main et le trait de l’homme.
Par ce travail de recherche, je souhaite questionner ma pratique de dessin à travers une réinterprétation de la conception de cet outil. Je voudrais rendre compte que même avec un outil normé, nous pouvons malgré tout, créer des formes, des dessins donnant l’illusion d’un tracé incertain, d’un tracé ayant droit à l’erreur.
Je souhaite créer cet outil, en accord avec ma pratique artistique, c’est-à-dire, en faisant émerger les détails de mon quotidien. Ces détails délaissés, cachés, recouverts, souvent associés à des défauts. Une édition finale permettra de répertorier les détails extraits d’un lieu connu des habitant.e.s de Wissembourg et proposer un nouveau regard sur l’identité de ce lieu.