Prendre la parole de Scott McClanahan quand il raconte la Virginie occidentale et ses villes minières, son enfance, la grand-mère Ruby qui se recueille sur sa propre tombe, l’oncle Nathan, sur son fauteuil roulant, qui boit les bières à même le tube d’alimentation, le petit Bill qui s’entraine à dessiner des W parce que c’est ce qui doit plaire aux filles.
Se demander ce que c’est de raconter. Se demander ce que c’est la mémoire. Et ce que c’est que l’oubli. Et si la voix, ici, maintenant, ne pourrait pas nous aider à le vaincre. Se demander comment on aime quand le temps fait distance. Se demander où ça nous mène d’être tous là à se parler. Enfin, se demander quelle place on laisse au mensonge, quand nos langues fourchent un peu trop.
Et si on ne laisserait pas la fiction nous sauver.
Le titre « Crapalachia » est un terme inventé par l’auteur. Il vient du détournement humoristique du mot Appalachia, la région minière pauvre et rurale dont il est originaire et où se déroule le livre. Son territoire, sa culture et sa population sont souvent victimes de nombreux clichés négatifs et élitistes. Le préfixe crap (merde, en anglais) lui a été apposé comme pied de nez volontairement vulgaire à l’adresse de ceux qui véhiculent ces clichés. Et après tout, les fleurs poussent bien dans la merde.